Le vrai courage c'est celui de 3 heures du matin !

On a beau dire, cette citation de Napoléon est toujours d'actualité dans notre quotidien. Il suffit d'imaginer des exemples de la vie courante. Le courage isolé du boulanger qui doit pétrir son pain dans la nuit avant le petit matin, le reporter sans frontière qui se lève tôt pendant une guerre pour un direct, le postier qui commence le tri avant le lever du soleil, le courage des femmes de ménage qui partent de leur maison en pleine nuit dans la tourmente pour aller à Paris, l'alpiniste qui quitte son refuge, la trouille au ventre, pour une ascension dans le froid et ces marins endurcis qui embarquent à 3 heures du matin pour affronter la mer en plein hiver comme des guerriers dans une grande bataille. Non d'un petit bonhomme, il faut être bigrement courageux pour ne pas changer de métier dans un monde de télétravail renforcé par ce vilain COVID et cette montée en puissance de la robotisation.

Mais alors, comment tenir le coup quand il faut se lever à 3 heures du matin tous les jours. En vrai, ça dépasse tout ce qu'on oserait à peine imaginer. Mais pour beaucoup, on y trouve le bonheur de bien faire son boulot. Et ce bonheur se lit sur le visage de chacun. Un bonheur qu'on a tous connu un jour quand on se dit que se lever tôt c'est merveilleux.

A l'heure ou je vous parle, des courageux partent en mer à 3 heures du matin après avoir embarqués à bord d'un bateau dans le froid, la neige, le vent en automne ou plus tard en hiver, enfin toutes saisons pour un travail difficile. Et ils ne changeraient de métier pour rien au monde. C'est leur passion et leur métier. Ils sont marins pêcheurs pour gagner leur pain ou skippers pour le plaisir de gagner des grandes transats.

Je me souviens à bord, quand il faut prendre son quart, oui, c'est dur de se lever, pourtant, après la tasse de café bien chaude, on est heureux d'être là pour assurer son tour de garde qui se fait à minuit, 3 heures ou 6 heures sans rechigner. Débarrasser du sommeil, la vie nocturne nous ouvre les yeux. Les étoiles scintillent et le bonheur s'installe. En solitaire, c'est encore plus courageux de se lever d'un seul coup, en ciré, pour une manoeuvre imprévue, un virement décisif, une saute de vent, un bruit sur la coque, une voile qui fasseye, un cap qui se dérègle, une sonnerie.

Selon Napoléon, le courage des humains, femmes et hommes, c'est celui de 3 heures du matin. Il voulait dire qu'il accordait une grande estime à ceux qui n'avait pas peur de se retrouver seul, sans témoins pour affronter avec courage les difficultés du moment sans attendre une récompense. Une révélation cinglante du courage motivée par une force implacable. Les récits sont clairs. En mer, on peut extrapoler cette estime aux pêcheurs du grand nord qui naviguent dans des conditions insoutenables, de jour comme de nuit sans relâche; les skippers au long cours qui bourlinguent à 25 noeuds sur des bateaux volants et qui se lèvent à 3 heures pour relayer un équipier ou les marins de la mini transat pour ne pas perdre une seconde sur le timing de la course. Le vrai courage c'est de tenir le coup.

Je ne vois pas ce qu'on peut opposer à cette constatation. Le courage exemplaire du 3 heures du matin est la meilleure thérapie pour une meilleure vie.