Les catastrophes au mouillage !
L'ancre a chassé, l'ancre a dérapé, l'ancre n'a pas tenu.. des situations courantes parfois imprévisibles lors d'un coup de vent. Seulement voilà : on se retrouve à la dérive ou à la côte. Alors, pour dormir au mouillage sur ses deux oreilles, il est essentiel de se préparer au pire en utilisant les bonnes vieilles recettes des anciens qui naviguaient sans électronique.
Vous connaissez la théorie principale du parfait marin navigateur. Trois fois la hauteur d'eau à marée haute et mesurée depuis la surface de l'eau. Par exemple 30 mètres de chaînes par 10 mètres d'eau. Simple mais cela ne suffit pas.
Le choix du mouillage est important. Repérer un avant port où le mouillage est autorisé ( voir sa carte avec le symbole ancre), un refuge dans une baie abritée ou un mouillage forain facile à ressortir en cas de mauvais temps. Attention, les bons mouillages sont souvent bondés de bateaux. Les mauvais mouillages aussi c'est pourquoi il ne faut pas se fier aux autres. Avant de rentrer dans la baie, faire un tour au moteur en regardant l'effet du vent, les courants et la position des autres bateaux. Prendre connaissance des fonds en lisant les pilotes côtiers ou les guides Imray. Avoir une bonne météo à venir pour la nuit et verifier les changements de vents. Repérer une zone de mouillage avec assez de place pour l'évitage du bateau (mouvement en cercle autour de l'ancre). Ne pas mouiller derriere un bateau au vent au cas où il pourrait déraper et embarquer votre mouillage. Cela m'est arrivé aux îles éoliennes ou j'ai été obligé de larguer toute ma chaîne et mon cablot pour me libérer du bateau qui allait nous faire dériver à la côte. Le plus grand bonheur, trouver la cala idéale pour mouiller en solitaire.
Avoir deux ancres sérieuses adaptées à son bateau. Par beau temps résister à la tentation de mouiller à la légère. Toujours prévoir le pire surtout si vous quittez le bord. La chaîne est la ligne principale. Plus importante que l'ancre. Lourde, elle repose au fond. Attention tout de même de ne pas mouiller par des fonds de plus de 15 mètres sauf si vous avez un bon guindeau. Sinon, utilisez un cablot (Aussière) pour prolonger votre mouillage. Mouiller en général entre 3 et 5 mètres d'eau à marée basse ou près d'une plage en Méditerranée. Vérifier à deux fois la hauteur d'eau avec un sonde pour bien calculer votre longueur de chaîne avant de mouiller. Par sécurité, faire une biture sur le pont.
Au moment de jeter l'ancre principale, quelqu'un à l'avant vous donne les indications sur la descente de l'ancre. A faire doucement. Si l'eau est claire, vérifier la position de l'ancre sur le fond. Marche arrière pour crocheter l'ancre au fond. Prendre un croisement de deux points à terre pour vérifier si l'ancre ne dérape pas. Par moins de 5 mètres d'eau, quand la manoeuvre est finie, je plonge pour vérifier la tenue de l'ancre. Pour finir, hisser la boule de mouillage, obligatoire à bord.
L'ancre secondaire se place de plusieurs façons.
Empenneler consiste à mouiller devant l'ancre principale avec une chaine plus courte une fois et demi la hauteur d'eau pour pouvoir la relever. C'est une méthode relativement facile et sure. J'utilise cette méthode quand un coup de vent est annoncé comme en Méditerranée.
Affourcher consiste à mouiller une deuxième ancre principale avec autant de chaîne. Un peu lourd. C'est à dire avoir deux mouillages de face avec un écartement de 40 degrés environ. C'est un avantage pour réduire l'effet de l'évitage mais difficile à mettre en place. Une méthode à utiliser quand on veut rester plusieurs jours au même mouillage.
Plusieurs autres méthodes selon les cas. 1- Remouiller une ligne de mouillage à pic. Si l'ancre principale dérape, le deuxième ancre vient en secours. C'est plus simple que l'empennelage. 2- Avoir une ancre à l'avant et une autre à l'arrière ou frapper une amarre sur un rocher.
Ma méthode. Positionner un poids ( ou une ancre de 10 kgs comme sur la photo ci jointe) sur le mouillage principale au niveau de l'angle le plus bas avant la remontée de la chaîne. Le principe est de maintenir un maximum de chaîne au fond pour éviter qu'elle remonte quand le vent forcit. Je l'ai utilisé à plusieurs reprises et cela m'a permis de ne pas déraper lors de gros coups de vents.
Parfois, frapper un orin permet de débloquer l'ancre. A faire quand les fonds ne sont pas du sable. En revanche attention de ne pas engager l'orin (le bout) dans l'hélice en remontant l'ancre. C'est arrivé plusieurs fois par mégarde.
Dernière chose, en Méditerranée prés des côtes ou des îles, les fonds passent directement de 5 mètres à 20 mètres. Ne pas être trop près de cette ligne de sonde sinon l'ancre va tomber dans la fosse.
Et soyons éco- responsables en évitant de planter l'ancre dans les zones des herbiers qui sont protégées.
Plusieurs sites et magazines en parlent : Bateaux.com, Voiles et Voiliers, Voile magazine, Moteurboat Magazine, Hisse et Ho...