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Publié par Roland Fardeau

Rajeunir en navigant à deux!

Nous n’étions que nous, mon fils de 10 ans et moi. C’était la dernière régate à St Gilles Croix de vie sur le First 210 de Joël. Un matin d’hiver brumeux où il fait bon aller sur la mer invisible. Le départ est donné à 10 heures pour un parcours côtier d’environ 15 milles. Nous sommes dans la catégorie des moins de 7 mètres mais le départ est commun avec les grands bateaux. Sur l’eau, beaucoup de visages heureux. Dans la blancheur du temps, les cirés jaunes dialoguent entre ciel et mer. Quel bonheur pour un père de naviguer avec son fils. Je confie la barre à Jérôme pour prendre le départ. Je passe mon temps à vérifier les voiles et le chrono. 5, 4,3,2 et 1 départ. D’emblée, on se fait couvrir par les voiles qui impressionnent Jérome. Tous les bateaux sont tribord amures. Sans le faire exprès, Jérome donne un coup de barre qui fait virer notre voilier juste derrière un 45 pieds. Par chance, on se dégage bâbord amures. Bravo mon petit. Maintenant la voie est dégagée. Toujours cette brume au ras de l’eau qui nous empêche de voir la première marque de parcours. On continue notre progression, notre voilier est bien bordé au plus prés serré. J’ai la sensation de partager un moment intense. J’aime le polymorphisme du voilier. Sa beauté naturelle de se fondre avec la mer et le vent comme le voilier si élégant d’Eric Tabarly signé William Fife. Les jolies courbes du Sirocco d’Errol Flynn. La belle robe d’un voilier de la coupe de l’América dans années 60. Les douces lignes d’un IMOCA du Vendée Globe. Le notre est basique comme un petit voilier de plaisance. Mais c’est le notre.

 

Nous continuons sagement notre route bien assis à contre-bord alors quel le vent passe de 10 à 15 nœuds en adonnant. Un bel avantage sur les autres concurrents à l’opposé du triangle. Notre petit voilier taille sa route bientôt rattrapé par les voiliers les plus rapides. Une impression d’une arrivée de buffles dans un goulet. Il faut leur laisser le champs libre avant de se faire pulvériser au passage de la bouée mais Jérome ne le voit pas comme çà. D’un coup de barre, il amorce une bataille contre Goliath. Du coin de l’œil, je l’approuve. Tribord amures, on passe prioritaire barrant la route à la horde qui arrive bâbord amures. D’un bond, le premier grand voilier passe comme une fusée, contourne notre voilier comme une locomotive qui emmène tout le train derrière lui, les obligeant à tirer un contre bord pour passer la bouée derrière nous. Une belle manœuvre qui nous permet de contourner en tête la première marque du parcours devant le bateau à moteur du jury qui ronronne au vent. Ils sont tous étonnés de voir un gamin à la barre. Je suis fier d'être son équipier.

A la remise des prix, Jérome ouvre de grands yeux lorsque son nom est annoncé au micro par le Président du Jury avec mention spéciale pour sa belle manœuvre. Une récompense pour un père qui se paie une grande joie d'un bonheur qui supprime la vieillesse.

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