Croisières du bonheur
Un bon bateau amènera un bon marin de l’autre côté de l’océan sans qu’il ait à fournir d’efforts physiques. J’ai remarqué qu’ils sont même nombreux à sillonner les océans et à réussir de belles traversées. Souvent à deux, mari et femme à la retraite, qui ont préparé leur voyage en suivant des cours de sauvetage (ISAF), de météo (JY Bernot), l’utilisation de l’électronique (Maxsea), les manoeuvres de spi (FFV). Beaucoup se sont préparés durant des années. Un bon bateau de voyage, un catamaran ou un monocoque, exige un budget important. Il faut prévoir l'achat du bateau bien sûr mais aussi toutes les dépenses obligatoires qui ne sont pas toujours comptées à leur niveau : assurance, place de port, matériel de sécurité, taxes, réparation, carénage, etc... Comme me disait un ami, « Ne pas mettre tout le budget dans le bateau mais en garder pour un retour non prévu et une maison au cas où !
Un voilier de voyage doit être confortable avec hauteur sous barrot. Performant et simple à utiliser avec winchs électriques, panneaux solaires, voiles à enrouleur, spi asymétrique, cambuse pleine et une bonne cave à vin. S’ils naviguent dans des régions difficiles, ils devront se munir d’un grand nombre de cartes marines papier en plus des cartes Navionics. Ils n’auront pas à le regretter. Ces retraités actifs qui prennent leur temps pour naviguer n’attendront pas, par rapport aux jeunes, la dernière minute pour affaler une voile dans un grain. A bord, Ils ont une grande trousse à pharmacie et le livre de médecine en mer pour se débrouiller seuls. La nuit, ils troqueront le spi asymétrique par les trinquettes jumelles ou le génois tangonné. Comme au bon vieux temps. Autonomie, c’est le mot d’ordre pour voyager. Dessalinisateur, Panneaux solaires, Eolienne, Groupe électrogène, grande réserve de fuel avec bidon de secours de 20 litres, cambuse de nourriture à bord avec pates et riz en quantité. Et des cannes à pêches.
S'ils choisissent de prendre des équipiers pour faire une traversée. Bien connaître leurs motivations et leur état d'esprit. Un navigateur disait : « si tu veux un bon équipier, épouse-le ». Mettez toutes les chances de votre côté en vous comportant en skipper responsable, calme, pondéré, réfléchi et ferme. Il y a dans le choix d’un bon équipier pour une longue croisière un problème d’une extrême complexité. Il faut bien réfléchir car vous ne prendrez jamais trop de précautions. Un jour, Gliksman disait qu’il y a plein d’histoires de gars qui ont abandonné leur équipier, parfois sur une île plus ou moins déserte où ils l’ont envoyé chercher de l’eau. C’était dans le pacifique.
Sinon, la navigation en solitaire rend disponible à la rêverie. Montaigne en disait autant quand il montait à cheval. Le bonheur est-il plus fort sur l'eau qu'à terre. L'assouvissement d'un désir de partir n'est pas un rêve. Il nous apporte une réelle satisfaction. Vagabondage de l'esprit, sagesse mentale, échappée du quotidien. A bord, la vie s'organise au ralenti sans stress et sans se prendre la tête. Doucement, le bateau nous éloigne du monde des humains vers la solitude, le silence et l'aventure afin de savourer le bonheur. De traversées en traversées, le navigateur s'approche de la sagesse.
Leçon numéro 1 : un bon moyen de gâcher son aventure, c'est de ressasser le passé.
Leçon numéro 2 : beaucoup de gens pensent que partir en bateau est un but.
Leçon numéro 3 : le bonheur c'est d'être avec des gens que l'on aime ou seul en bateau.
Leçon numéro 4 : le malheur c'est d'être séparé de ceux que l'on aime.
Leçon numéro 5 : le bonheur c'est d'être au milieu de l'océan dans un grand surf.
Leçon numéro 6 : le bonheur c'est de partager avec les autres et de se sentir utile sur un bateau.
Leçon numéro 7 : le soleil et le vent sont les amis du bonheur.
Leçon numéro 8 : Le bonheur c'est une bonne escale et un bon restaurant de poissons entre amis
Leçon numéro 9 : Le bonheur c'est d'aimer son bateau, un nuage ou un oiseau
Leçon numéro 10 : Le bonheur c'est de partir du port et d'y revenir sain et sauf.