Article signé Roland Fardeau sur Alan Roura, jeune Skipper Suisse du Vendée Globe ?
ALAN ROURA, 23 ANS, LE PLUS JEUNE SKIPPER DU VENDÉE GLOBE
Rédigé le Vendredi 21 Octobre 2016 à 09:58 | Lu 97 fois modifié le Vendredi 21 Octobre 2016
Autant vous le dire tout de suite, Alan Rurra est considéré comme un skipper hors norme. Inclassable. Totalement différent de la génération des coureurs bien préparés de ce 8 me Vendée Globe comme Paul Meilhat, Louis Burton, Stéphane le Diraison, Fabrice Amedeo, Vincent Riou. Pas le même budget non plus. Quand j’ai rencontré ce jeune Suisse de 23 ans, natif de Genève, belle barbe noire, tatouages dans le cou, teint bronzé, pantalon usé par la mer, carrure de flibustier, je l’ai comparé à Joshua Slocum, un grand marin qui a réalisé à la voile le premier tour de la terre. Comme lui, la mer a toujours eu un rôle énorme dans sa vie. Sans limites avec un entêtement héroïque. Attention, la gloire guette ce jeune homme. Mozart l’a eu a 20 ans. Berlioz avec la symphonie fantastique à 27 ans. Lui, il a quelque chose de miraculeux et d’émouvant. Pendant notre rendez-vous dans son IMOCA, a quelques jours du départ du Vendée Globe, j’ai compris que sa jeunesse et son talent vont faire parler de lui. Retenez son nom.
COMME UN VIEUX LOOK DE MER
C’est un marin né. A 2 ans il est bercé sur le lac Léman. Sa maison, c’est le bateau vite remplacé par Ludmilla, un voilier de 13 mètres acheté en méditerranée par son père. Décision familiale : partir autour du monde. La mer va élever l’enfant. Son école se fera à bord avec ses deux sœurs et son frère. Douze années d’aventures, de découvertes et de rêves. Son plus beau souvenir. Une traversée du pacifique en double avec son père. Alternance de longues traversées et de petits boulots pour remplir la caisse du bord. Le marin a pris le gout de l’aventure en solitaire.
Un jour à Lanzarote aux Canaries, âgé de 8 ans, Alan voit passer la mini-transat, une course célèbre sur des voiliers de 6m50 qui a lancée de grands skippers. Le bonheur de ces jeunes solitaires va rester graver dans sa mémoire. Ses parents ont compris. De retour au pays, à 18 ans, avec ses petits moyens, Il achète l’épave d’un mini au fin fond de la Bretagne. Courageux, volontaire, Bosseur, fauché aussi, Il va retaper le bateau en bois. Fortune de mer dans le mini-fastnet. Belle 11 me place dans la mini transat en 2013. Le challenge est réussi. Des partenaires helvètes se réveillent. Il participe à la Route du Rhum en 2014 avec le class 40 Exocet. Un an plus tard, il est au Brésil à l’arrivée de la transat Jacques Vabres. Il y prend gout et il va vite dans ses décisions. Coup de tête et coup de cœur, il s’inscrit aussitôt dans le Vendée Globe 2016. Il part pour une longue qualification et un grand nombre d’heure de préparatifs, toujours sans un sou personnel, sauf quelques partenaires qui lui permettent de rassembler 400 000 euros. Peu pour un Vendée Globe alors que les autres ont 5 fois plus de moyens. Quel est son secret !
Aux Sables d’Olonne, à quelques jours du départ, en plein préparatif du Vendée Globe, il se livre avec une grande sincérité tout en continuant à préparer son bateau. « Je n’ai pas d’équipe technique sauf un préparateur. Heureusement qu’il y a la famille qui m’aide. Quand j’avais le Class 40, on vivait à bord alors que les autres concurrents et leurs équipes étaient à l’hôtel ». Ce jeune homme a une énergie et une volonté incroyable. Sa devise « Les chiffres ne sont rien sans la volonté de partir ». Les yeux sur l’adhésif rouge en faisant des gestes précis avec un cutter blanc, Alan me parle de son parcours. Son frère s’occupe des détails. C’est le plus important pour un Vendée Globe. Ne rien laisser au hasard. Et Aurélia, son amie et chef de projet veille au grain.
Un jour à Lanzarote aux Canaries, âgé de 8 ans, Alan voit passer la mini-transat, une course célèbre sur des voiliers de 6m50 qui a lancée de grands skippers. Le bonheur de ces jeunes solitaires va rester graver dans sa mémoire. Ses parents ont compris. De retour au pays, à 18 ans, avec ses petits moyens, Il achète l’épave d’un mini au fin fond de la Bretagne. Courageux, volontaire, Bosseur, fauché aussi, Il va retaper le bateau en bois. Fortune de mer dans le mini-fastnet. Belle 11 me place dans la mini transat en 2013. Le challenge est réussi. Des partenaires helvètes se réveillent. Il participe à la Route du Rhum en 2014 avec le class 40 Exocet. Un an plus tard, il est au Brésil à l’arrivée de la transat Jacques Vabres. Il y prend gout et il va vite dans ses décisions. Coup de tête et coup de cœur, il s’inscrit aussitôt dans le Vendée Globe 2016. Il part pour une longue qualification et un grand nombre d’heure de préparatifs, toujours sans un sou personnel, sauf quelques partenaires qui lui permettent de rassembler 400 000 euros. Peu pour un Vendée Globe alors que les autres ont 5 fois plus de moyens. Quel est son secret !
Aux Sables d’Olonne, à quelques jours du départ, en plein préparatif du Vendée Globe, il se livre avec une grande sincérité tout en continuant à préparer son bateau. « Je n’ai pas d’équipe technique sauf un préparateur. Heureusement qu’il y a la famille qui m’aide. Quand j’avais le Class 40, on vivait à bord alors que les autres concurrents et leurs équipes étaient à l’hôtel ». Ce jeune homme a une énergie et une volonté incroyable. Sa devise « Les chiffres ne sont rien sans la volonté de partir ». Les yeux sur l’adhésif rouge en faisant des gestes précis avec un cutter blanc, Alan me parle de son parcours. Son frère s’occupe des détails. C’est le plus important pour un Vendée Globe. Ne rien laisser au hasard. Et Aurélia, son amie et chef de projet veille au grain.
Comment appréhendes-tu ce premier Vendée Globe étant donné que c’est la première fois que tu navigueras seul dans les mers du grand sud ?
Pour moi, participer au Vendée Globe est un rêve, avoué ou non, que chaque marin porte au fond de lui. Avant la Mini Transat, j'y pensais mais pas forcément dans un futur proche. A l'arrivée, je me suis dit " Pourquoi attendre ? " Je n'ai pas un profil de régatier mais d'aventurier, je ne me voyais donc pas intégrer une classe comme celle des Figaro, qui ne me ressemble pas, juste pour avoir un parcours dit traditionnel. Ce que je souhaite, c'est le large, le solitaire, pour raconter de belles histoires. Comme à la belle époque. Mais, Il y a 3 mois, j’ai failli abandonner le projet.
Alan ne se décourage jamais. Son voilier, c’est l’ancien IMOCA Superbigou de son compatriote Bernard Stamm. Ce bateau est certainement celui qui a le plus navigué autour du monde. L’un des plus vieux de la flotte du Vendée Globe. Alan le connait par cœur. Il me communique son optimisme. « Je n’ai pas un sou. Mon IMOCA 60 est un prêt contre un marquage sur la coque et une restauration du bateau ». Il va miser sur sa bonne étoile. Alors, le renfort vient de la famille qui passe du temps à préparer le bateau et son frère en charge de l’intendance. Il donne de sa personne alors que les autres skippers font le tour des médias. Le monde est devant lui. Jamais un rêve n’a été aussi haut. Il sait qu’il devra affronter des vents furieux. Avant les marins imploraient miséricorde. Il devra ménager sa monture. Il a fait ses comptes. Même en soustrayant toutes les dépenses, vivres… Il prendra le départ coute que coute.
Alan Roura chuchote avec son bateau dans le silence du port. Il est dans son nuage de solitaire. Il fait tourner une poulie en carbone. La nuque penchée vers son étrave. Un autocollant à la main qu’il découpe comme un enfant. Je lui pose la question «Es tu plus marin, plus aventurier ou plus régatier ». Son sourire s’éclate en me regardant. « On me colle une image d’aventurier mais je suis aussi un régatier du large ». Il est fasciné par l’appel des grandes traversées et la compétition entre les voiliers. Même si la route est longue et périlleuse, mon bateau vieux de 16 ans devra tenir. Une arrivée aux Sables d’ »Olonne dans moins de 100 jours sera une belle récompense.
Pour moi, participer au Vendée Globe est un rêve, avoué ou non, que chaque marin porte au fond de lui. Avant la Mini Transat, j'y pensais mais pas forcément dans un futur proche. A l'arrivée, je me suis dit " Pourquoi attendre ? " Je n'ai pas un profil de régatier mais d'aventurier, je ne me voyais donc pas intégrer une classe comme celle des Figaro, qui ne me ressemble pas, juste pour avoir un parcours dit traditionnel. Ce que je souhaite, c'est le large, le solitaire, pour raconter de belles histoires. Comme à la belle époque. Mais, Il y a 3 mois, j’ai failli abandonner le projet.
Alan ne se décourage jamais. Son voilier, c’est l’ancien IMOCA Superbigou de son compatriote Bernard Stamm. Ce bateau est certainement celui qui a le plus navigué autour du monde. L’un des plus vieux de la flotte du Vendée Globe. Alan le connait par cœur. Il me communique son optimisme. « Je n’ai pas un sou. Mon IMOCA 60 est un prêt contre un marquage sur la coque et une restauration du bateau ». Il va miser sur sa bonne étoile. Alors, le renfort vient de la famille qui passe du temps à préparer le bateau et son frère en charge de l’intendance. Il donne de sa personne alors que les autres skippers font le tour des médias. Le monde est devant lui. Jamais un rêve n’a été aussi haut. Il sait qu’il devra affronter des vents furieux. Avant les marins imploraient miséricorde. Il devra ménager sa monture. Il a fait ses comptes. Même en soustrayant toutes les dépenses, vivres… Il prendra le départ coute que coute.
Alan Roura chuchote avec son bateau dans le silence du port. Il est dans son nuage de solitaire. Il fait tourner une poulie en carbone. La nuque penchée vers son étrave. Un autocollant à la main qu’il découpe comme un enfant. Je lui pose la question «Es tu plus marin, plus aventurier ou plus régatier ». Son sourire s’éclate en me regardant. « On me colle une image d’aventurier mais je suis aussi un régatier du large ». Il est fasciné par l’appel des grandes traversées et la compétition entre les voiliers. Même si la route est longue et périlleuse, mon bateau vieux de 16 ans devra tenir. Une arrivée aux Sables d’ »Olonne dans moins de 100 jours sera une belle récompense.
Mon avis. Il ne faut pas oublier que 50 % des concurrents abandonnent durant la course. Statistiquement, c’est prouvé. Nous avons une confiance totale dans ce jeune marin talentueux qui me rappelle les débuts de Laurent Bourgnon. Fonceur, teigneux, responsable, expérimenté… Suisse aussi. Le bateau sera sur la ligne de départ, c’est certain. Après, il faudra tenir les premiers jours dans le golfe de Gascogne. Sommeil. Ne pas trop tirer sur le bateau. La première place serait une surprise mais arriver dans le classement général sera une belle victoire.