Alors, ça vous dit un tour du monde !
C'est nouveau dans le monde de la course au large. Se faire un tour du monde comme une transat. Une belle expérience courageuse pour de nombreux équipiers ou propriétaires de voiliers de série de toutes nationalités qui n'hésitent pas à s'engager pour 4 mois en mer soit en équipage soit en solitaire à l'image des skippers professionnels du Vendée Globe, Volvo Ocean Race, Trophée Jules Verne. On assiste à une nouvelle tendance des organisateurs anglo-saxons de faire revivre les premiers tours du monde (Style Withbread) sans GPS et sans gros moyens sur des bateaux de petite série ou des bateaux anciens qui reprennent du service. Sans doute une autre façon de gouter à la liberté du grand large et l'effort dans une aventure difficile comme au bon vieux temps de Bernard Moitessier ou Eric Tabarly. On pourrait croire que les transats ne suffisent plus à ces nouveaux aventuriers amateurs. Des transats qui pourraient paraitre d'une grande banalité.
Erreur car les jeunes se bousculent aux inscriptions de la mini-transat, les uns pour se faire un nom (les grands skippers pro sont presque tous passés par cette incroyable course au large sur des petits bateaux de 6,50 m) et d'autres pour accomplir un rêve de gamin. Sinon il y a des transats pour adultes. Elles s'organisent tous les ans sous forme de flotilles ou de courses soit de Madère ou des Canaries. C'est moins de 20 jours pour traverser vers les Antilles entre novembre et janvier avec des vents forts mais stables, les Alizés. De nos jours, avec les moyens de communication par satellite, les pilotes automatiques et les bateaux modernes, une transat ne fait plus peur à personne. En revanche, un tour du monde, c'est plus compliqué à cause des fortes conditions météo dans l'hémisphère sud surtout au niveau des quarantièmes rugissants.
Dans la catégorie des tours du monde pour tous, deux grandes organisations ne passent pas inaperçues en ce moment. Celle du tour du monde en équipage (ex Whitbread de 1973) qu'on appelle maintenant Ocean Globe Race avec deux célébres bateaux français de l'époque, Neptune et Pen Duick , et la course autour du monde en solitaire partie de la Corogne qu'on appelle Global Solo Challenge avec notre ami François Gouin (photo de couverture) qui vient de passer le premier cap en Afrique du Sud. A vivre sur son blog ou sur le site de la course. Bravo pour son engagement.
Revenons à l'Ocean Globe Race, course en équipage, qui passe par les trois caps avec des escales comme au bon vieux temps. On y retrouve les mêmes anciens bateaux de 1977, un Swan 53, Baltic 55, Pen duick VI, Swan 65, Swan 51, Farr Design, Swan 651,Neptune Swan 57. Des équipages plutôt amateurs s'affrontent et actuellement, on assiste à une belle arrivée à Auckland juste avant Noel; C'est toujours aussi spectaculaire et magique. Une arrivée au Royal New Zealand Yacht Squadron pour les treize bateaux en course. On y refait la course autour d'une biére comme au bon vieux temps avant le prochain départ vers le Cap Horn.
Et on parle beaucoup de la deuxième course autour du monde en solo, la Global solo Challenge qui passe par les 3 caps ( Cap de Bonne Espérance, Cap Leeuwin et Cap Horn), sans escale. Elle est partie de la Corogne en septembre 2023 ( départ décalé pour que le premier arrivé soit le vainqueur) avec un retour dans 4 mois. Ce sont 10 skippers engagés dont François Gouin sur un Class 40 Unicancer Kawan3 qui nous entraine dans son aventure à la recherche du plaisir de naviguer dans l'océan indien et dans les quarantièmes. Il filme son quotidien à bord, le vrai bonheur d'être en mer, certaines avaries rencontrées et sa navigation météo, souvent dantesque et infernale. François navigue avec sagesse ( pour un chirurgien de métier, c'est normal). Il prépare son scénario auquel doit s'attendre tout marin qui affronte le grand sud, il vérifie méticuleusement tout l'équipement, s'assure que tout est en ordre, ajuste les voiles en fonction du temps prévu et planifie même ses repas avec attention. Avant le départ, j'ai rencontré un autre concurrent, Edouard ( il est belge). Il navigue sur son solar Wind. Il a débuté par la mini transat lui aussi et s'est donné ce beau défi. Chacun fait sa course dans le but d'arriver sain et sauf dans un esprit de compétition.
A qui le prochain défi !