De Cefalu à Filicudi dans les îles éoliennes
J’avais entendu mille descriptions des Eoliennes et de ses volcans. Je m’attendais à tout. La surprise était de taille.
Mais, revenons tout d’abord à la préparation du bateau. Il faut savoir qu'il n’y a aucun abri protégé sur les Îles éoliennes appelées aussi Iles Lipari. Donc, s’assurer d’avoir un bon mouillage. De plus, les îles volcaniques sortent de mer de 1000 m de fond à 300 m puis 50 m puis 10 m aux abords des volcans. Et, sachant qu’il faut respecter la zone des 300 m, les carabinieries pouvant vous coller une amende sérieuse, l’espace est plutôt restreint. Pour ma sécurité, j’ai opté pour une ligne de chaîne de 60 m avec un câblot de 40 m. C’est suffisant. Afin d'être encore moins stressé, doubler la deuxième ancre, la première est une CQR de 30 kg, c'est idéal pour dormir sur ses deux oreilles. Le top est d'affourcher, le mieux d' empenneler car le sable noir des îles est plutôt fin comme de la poudre. Très souvent, j’ai vu de nombreux bateaux se faire la mâle au petit matin rattrapés de justesse par un voisin insomniaque, criant de tous ses poumons debout sur son youyou à fond les ballons pour réveiller le propriétaire inconscient.
Suite d'une petite série de recommandations supplémentaires. Pour mieux naviguer en toute tranquillité et laisser son bateau comme une voiture au garage : avoir son assurance en règle, des cartes du Shom à jour, le plein d’eau (sur les îles pas de cadeau, le prix est au plus fort), un taud de soleil qui recouvre tout le bateau, une bonne annexe (l’astuce contre le frottement à terre est de la hisser sur un pare-battage) et un bon équipement de randonnée pour grimper jusqu’au cratère du volcan. Le Stromboli est haut de 810 m et la durée de l’excursion dure six heures. Au village de Scari, guide obligatoire et tout le matériel est en location. Compter 40 euros par personne guide et matériel en location.
Reprenons notre croisière. Notre premier bord était heureux de Cefalu sur la cite nord de la Sicile, à 35 milles de Palerme. Joli village médiéval, véritable carte postale de la Sicile. Un départ idéal jusqu’aux îles qui sont proches entre elles d’une dizaine de milles, un bon remède contre le mal de mer. Par bonheur, le vent sec soufflait dans la bonne direction pour atteindre sous un orage lointain, la première île Alicudi, l’île la plus ouest des Éolienne, le cône parfait aux versants abrupts qui tombent dans la mer. Une halte déjeuner juste pour entendre le bruit du ressac sur la côte, mais bien désespéré de ne pas mieux profiter plus longtemps du mouillage devant le port tellement la houle peut secouer d’un bord sur l’autre. Un contretemps qui nous décida à renvoyer les voiles pour atteindre la splendide pointe de la punta del Perciato, la côte ouest de l’île Filicudi. Facile à repérer en alignant un rocher émergeant de 70 m de haut, la Canna. Enfin abrité de la houle et du vent, repos dans un beau mouillage de fin d’après midi pour se balancer sur les eaux turquoises et se baigner sans modération. Seule ombre au tableau, les fameuses méduses violacées du nom de Pelacia Noctiluca, en forme de champignon de 10 cm de diamètre avec ses longs filaments qui provoquent des piqûres douloureuses. Masque obligatoire. Puis, nous avons gagné Porto filicudi, comme un séjour charmant dans les colorations changeantes de la mer et le scintillement du soleil sur les fonds noirs de la baie. Au sud du môle des ferries, un italien sur sa barque nous indiquait que toutes les bouées devant le village étaient occupées. Il nous restait à poser l’ancre devant deux grands voiliers d’un charme infini juste après la zone interdite et protégée. D’apres l’Imray, les fonds sont rocailleux avec des herbes pas toujours de bonnes tenues. Pour la nuit, la météo annonce un coup de vent et des orages. Je décidais de mettre toute la chaîne en me rapprochant au plus prés de la plage. Tant pis pour les 300 m. J’ai appris qu’ils tolèrent cette faute entre le couché et le levé du soleil. Vers deux heures du matin, le vent tourna à la dérision sous orage comme un volcan qui se réveille sous la conduite furieuse du dieu qui a fait souffrir Ulysse. Sifflement dans les haubans et veille dans le cockpit prêt à démarrer le moteur. Les deux voiliers en déroute. Nous devions veiller encore plus sur la tenue de notre ancre en prenant deux relèvements. De leur côté, les équipages ont manœuvré durant deux heures au moteur. Au matin, retour sur la tranquillité de l’île. Ascension jusqu’au village perché sur le plus haut versant avec une pose au restaurant La Canna. La vue était splendide sur les îles de Lipari et Salina.
Continuons notre route. Voile cap à l’Est. La vue des volcans aux formes identiques nous donnait facilement des repères. A Salina, mouillage devant le port privé ( le deuxième port est réservé au ferries) au milieu de nombreux voiliers. Petit tour à la marina en annexe pour voir les prix du ponton. 160 euros la nuit. C’est pas mal le mouillage en fin de compte !!! Le tour en bus de la compagnie Citis (7 euros la journée avec autant d’arrêt dans les villages) nous avait permis de voir toutes les facettes de l’île. Malfa (Déguster une gélati fragola), Rinella ( manger une bonne pizza chez Marco sur le port) et Pollara (se prendre en photo devant l’église sur le banc du film le facteur. Philippe Noiret en vedette, voir photo).
Restaurant sur la port, nuit tranquille et nuit de rêve. Une navigation parfaite sous la conduite de notre guide Roland, Yachtmaster certifié. Renseignement : r.fardeau@orange.fr